Par la création de deux Lycées de jeunes filles à Esch-sur-Alzette et à Luxembourg, des filles peuvent accéder aux études secondaires dans des établissements publics.
Né d’une initiative privée de « l’Association pour l’Intérêt de la femme », dont font partie entre-autres, Victor Thorn, procureur général et futur ministre d’État en 1916-1917 et Aline Mayrisch de Saint-Hubert, une école moyenne privée pour jeunes filles ouvre ses portes en octobre 1909 au Limpertsberg. L’école prévoit deux sections : une école supérieure, comparable à la division inférieure d’une école industrielle, menant à un examen de passage, et une section latine, qui, après l’examen de passage, pourrait enchainer sur des cours menant au brevet d’institutrice. L’option d’un cycle complet d’études gymnasiales pour jeunes filles est prudemment évoquée de façon indirecte.
La situation financière de l’école étant précaire, la discussion politique en vue de l’octroi d’un subside est entamée au sein des trois sections de la Chambre sur initiative du Conseil d’État. En même temps, une procédure consultative concernant la création d’une école publique est entamée. Les avis des gymnases sont tranchés : Au sein des diverses conférences des professeurs les discussions sont longues mais une majorité est favorable à une école pour jeunes filles. Les directeurs des gymnases sont en revanche plus réticents voir opposés au projet. Les discussions tournent autour de la forme et du but d’une école moyenne, de l’utilité d’une formation classique pour jeunes filles ou encore de la possible concurrence aux garçons.
Après un débat d’orientation à la Chambre des Députés, un comité pour la création d’un lycée de jeunes filles se constitue à Esch-sur-Alzette. Le lycée municipal ouvre ses portes en octobre 1910, une année après l’école moyenne de Limpertsberg.
Entretemps, un projet de loi du directeur général Mongenast a été envoyé au Conseil d’État. Le débat final au Parlement n’aura lieu qu’en mars 1911. La loi votée porte création des deux Lycées de jeunes filles à Luxembourg et Esch, transformant ainsi les deux écoles privées en infrastructures publiques.
La loi du 17 juin 1911 concernant l’organisation de l’enseignement moyen des jeunes filles permet ainsi aux filles d’effectuer des études secondaires dans des établissements publics. Toutefois, l’enseignement offert aux jeunes filles n’est pas le même que celui offert aux garçons. La division inférieure de trois années d’études comportant un enseignement général contient des leçons de couture et de l’enseignement ménager. Par ailleurs, le latin n’est enseigné qu’à partir de la division supérieure, contrairement à l’enseignement de leurs homologues masculins, limitant ainsi considérablement l’accès vers des études universitaires. (art. 2)